Les implants cornéens  : porteurs de promesses pour le traitement de la presbytie

SCO 2012, le 4 juillet - Les implants cornéens se trouvent au cœur d'une technologie relativement nouvelle dont la mise au point a commencé il y a plus de 50 ans, mais qui promet, depuis une décennie seulement, d'aider les patients atteints de presbytie. Les progrès ont accéléré au point où certains ont été approuvés en Europe et d'autres en sont actuellement au stade de l'essai clinique.

Dr Bruce JacksonLe Dr Bruce Jackson, professeur d'ophtalmologie à l'Université d'Ottawa, a résumé la situation actuelle des implants. « Nous avons des matériaux nouveaux, des fenestrations plus petites, nous pouvons vraiment régler beaucoup mieux les questions d'hydratation et d'alimentation et nous avons aussi de nouveaux outils pour poser ces implants… L'intérêt véritable, c'est que ces implants peuvent être retirés et que l'intervention est réversible », a-t-il dit.

Les technologies de l'implant reposent sur trois approches. On peut d'abord modifier la courbure de la cornée en utilisant un implant qui a le même indice de réfraction que celle-ci. La PresbyLens (ou Vue+) de ReVision Optics, Inc. est une lentille en train d'être mise au point à cette fin.

La Flexivue Microlens de Presbia et les lentilles InVue (Icolens) mises au point à l'origine par Biovision et maintenant produites par Neoptics AG sont au nombre des implants qui modifient la puissance de la cornée au moyen d'une lentille réfractive. La lentille KAMRA d'AcuFocus Inc présente aussi des progrès intéressants réalisés au moyen d'éléments optiques à petite ouverture visant à accroître la profondeur du champ de vision.

La lentille PresbyLens est faite d'un hydrogel microporeux de 2 mm de diamètre qu'il est possible d'implanter sous un volet LASIK de 150 µm. Elle améliore la vision de près et la vision intermédiaire dans l'œil non dominant. Deux essais cliniques réalisés au Mexique semblent prometteurs, a-t-il dit. Aux États-Unis, les essais de la phase 1 et de la phase 2 sont terminés et un essai de la phase 3, portant sur 300 patients commence.

La lentille Flexivue Microlens est une lentille bifocale en polymère hydrophile de 3 mm de diamètre comportant une zone centrale plane de 1,6 mm entourée d'un anneau dont le pouvoir de réfraction augmente. La lentille est placée dans une poche intracornéenne au moyen d'un laser femtoseconde. Cette lentille est moins efficace pour la vision de loin comparativement à la monovision classique. Elle fait elle aussi l'objet de premiers essais chez les humains.

La lentille Icolens est un disque en acrylique hydrophile de 3 mm de diamètre et de 20 µm d'épaisseur comportant une zone de puissance plane centrale de 1,8 mm et un anneau pouvant atteindre trois D en périphérie. Un orifice de 0,15 mm de diamètre au centre facilite le passage des éléments nutritifs et de l'oxygène. Les premiers résultats d'essais réalisés en Europe ont révélé que les patients qui ont reçu ces deux implants affichent un gain moyen de 3,4 lignes au niveau de l'acuité visuelle proche non corrigée, que 72 % perdent une ligne ou plus d'acuité visuelle à distance non corrigée et que l'acuité visuelle à distance binoculaire ne change pas.

La lentille KAMRA est la plus utilisée : on calcule que 11 000 ont été implantées dans le monde. Elle a un diamètre de 3,8 mm, une ouverture centrale de 1,6 mm, et est faite de fluorure de polyvinylidène comportant des nanoparticules de carbone. Il est possible de l'implanter dans une poche pendant ou après l'intervention LASIK sous le volet.

Le décentrement constitue une des complications les plus graves des implants, a déclaré le Dr Jackson. On a signalé que quelques patients ont perdu une à deux lignes d'acuité visuelle à distance non corrigée et ont un déplacement hypermétrope transitoire bénin. On a aussi mentionné des problèmes de vision de près causés par des problèmes d'éblouissement lorsque la luminosité est faible, de halo et de volet. « Il semble n'y avoir aucun compromis sur le plan de la sensibilité au contraste ou de la vision stéréoscopique, ni aucun problème de biocompatibilité jusqu'à maintenant », a-t-il dit.

En général, les implants contre la presbytie « amélioreront la vision de près et la vision intermédiaire en entraînant une faible perte seulement d'acuité visuelle à distance non corrigée », a signalé le Dr Jackson en ajoutant qu'il importe de choisir les patients avec soin. Il y a des compromis à faire dans l'utilisation d'implants cornéens, car on traite un œil seulement. Par contre, l'intervention cause une effraction minimale.

« Nous avons des matériaux nouveaux, des fenestrations plus petites, nous pouvons vraiment régler beaucoup mieux les questions d'hydratation et d'alimentation et nous avons aussi de nouveaux outils pour poser ces implants… L'intérêt véritable, c'est que ces implants peuvent être retirés et que l'intervention est réversible »